mardi 3 avril 2018

La fête de Pâques.

Pour la fête de Pâques, j'ai teint des oeufs avec ma mère. Cochenille, pelures d'oignons, bois de sental, pour toute une panoplie de couleurs allant du violet au brun foncé en passant par le rose. Je n'y connaît pas grand chose aux origines de cette fête. Il me semble me souvenir de l'histoire d'un farfelu lapin qui en transportant les oeufs de dame la poule en avait malencontreusement laissé tomber un à terre le fendant quasiment en deux avant qu'il ne roule dans les hautes herbes. Le croyant fichu notre fieffé lapin le laissa à son sort avant de poursuivre son chemin. Plusieurs jours passèrent après ce malheureux incident et dame la poule, inquiète, se mit en quête de retrouver ce pauvre oeuf mutilé et perdu dans la nature. C'est alors qu'un de ses poussins s'aventura dans les hautes herbes et piaffa de joie en tombant sur son futur petit frère ou petite soeur. Et quelle ne fut pas leur surprise à notre famille de gallinacés de trouver un oeuf intact et sans une seule égratignure. On le dit même miraculé comme si la grâce était descendue du ciel pour recoller sa coquille émiettée. Un oeuf ressuscité. Ainsi, tendre dame la poule pu pardonner à ce vile lapin son larcin et tout rentra dans l'ordre dans nos prairies verdoyantes.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 3 avril 2018. Les thèmes étaient : la lumière ; la toux ; la fête de Pâques ; chapeau.)

jeudi 29 mars 2018

Régénération


Tous ces sujets m'inspirent, il me font penser au ressenti que l'on a de son corps dû à son interaction avec l'environnement. Sous l'égide du sens de l'odorat, la conscience balaye le corps et forme une couche superficielle à la peau, comme une pelure, en fait et pour être précis comme les vêtements que l'on porte afin de se sentir bien au chaud prêt à agir dans n'importe quelle situation. Dans mes hallucinations corporelles il m'arrive que ce ressenti dérape et qu'il me manque un bras ou une manche tout du moins, ou alors toute la partie gauche de mon corps semble dénudée, à vif, sujette aux intempéries de ma psyché. Ainsi par mouvement de protection, je cherche, à l'aide de ma respiration à recouvrer cette couche protectrice comme si j'essayais de regonfler mon bras ou en tout cas d'en avoir un ressenti serein et adéquat dans le but d'avoir un corps complet et ainsi pouvoir communiquer avec l'ensemble du monde. Car s'il me manque une partie de mon corps, je serais dans l'impossibilité d'entrer en relation avec les personnes dont cette partie serait le sujet de discussion, d'échange et de partage. Comme par exemple le ventre lorsqu'on parle du travail et de notre place dans la société afin de pouvoir manger en participant au bien commun. Ou alors les bras si l'on cherche à toucher quelque chose que ça soit une matière dans l'optique d'un artisanat ou un sentiment si l'on veut toucher le coeur d'un ami. Toucher le coeur et ainsi aider l'autre à pouvoir être complet, finit les problèmes, on s'en occupe dans un élan de solidarité et ainsi la personne avec qui l'on parle peut se reposer sur ses pieds et faire goûter à l'ensemble de son corps à cet état d'équilibre qui fait ressortir les bonnes choses de plus en plus profondément dans notre conscience. Ainsi nous pouvons cheminer vers la paix de l'âme et un ressenti intègre et serein de son corps enfin tout habillé ou protégé par une chambre propre, un lieu confortable, afin d'affronter tous ensemble la journée et changer le monde pour que tous allions vers le meilleur de nous-même.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 27 mars 2018. Les thèmes étaient : La psychose ou la communication avec "l'ensemble du monde" ; la chambre ; fille ou garçon ; les vêtements.)

jeudi 22 mars 2018

L'éléphant

La schizophrénie aidant, les limites de ma pensée prennent des formes diverses et délirantes. La frontière entre les corps se dissout et ma tête éclate, s'évade, s'aventure à l'infini dans une étendue à chaque instant réinventée. Il arrive parfois qu'après s'être mélangé avec l'environnement mon esprit se condense en des silhouettes animales. Ainsi l'éléphant revient souvent dans mes délires, symbolisant par son volume plus qu'imposant la réunion, le regroupement spirituel des personnes aux alentours. Ses longues défenses, attributs de la justice entre ces êtres et leurs pensées, arbitrent les échanges d'énergie, de sens et de chaleur.
Soudain, ce divin pachyderme semble prendre vie lorsque j'éprouve du plaisir à être dans la compagnie de ceux qui m'entourent et ma pensée jaillit hors de mon contrôle pour participer à un cycle, une sorte de chaîne alimentaire, comme aspirée ou mangée par quelqu'un dans les limites de cet éléphant nous réunissant autour d'un désir commun : la préservation de la vie et du corps. Sensation partagée entre l'imaginaire de ce pachyderme angélique et les être humains participants à cette étrange danse intime.
Je pense alors avoir gardé mon esprit d'enfant lorsque toute chose semble animée par la présence de la vie, une sorte d'animisme schizophrénique.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 20 mars 2018. Les thèmes étaient : la rupture ; les boulons ; le plaisir ; l'éléphant.)

lundi 19 mars 2018

L'administration

Difficile de ne pas avoir une dent contre l'administration. En ayant un tant soit peu l'esprit révolutionnaire, il est vite aisé de prétendre avoir les solutions pour refaire la société et la gérer dans le but d'avoir une vie meilleure, plus confortable, plus juste. Pourtant j'ai l'impression que l'on fait déjà au mieux avec ce que l'on a. Il y a une certaine lenteur dans les démarches, il est vrai. Alors que la majorité des humains se sentent responsables et liés au enjeux climatiques ce ne sont malheureusement pas les mêmes personnes qui ont entre les mains la capacité de changer les choses. C'est agaçant de faire partie d'une espèce capable de se détruire elle et son environnement. L'administration se doit de représenter la solidarité régnant entre les êtres humains. Mais pour être solidaire il faut avoir une certaine vue d'ensemble ce que nos sociétés complexes rendent difficile. C'est bien plus simple et efficace de s'entre-aider entre amis, dans la famille, dans des groupes d'accueil, etc. D'agir localement alors que l'administration est une gérance globale qui s'occupe de groupes de gens.
En fait je souffre d'idéalisme. Dans un monde qui ne serait qu'une grande famille, pas besoin d'administration. Juste un peu de jugeote et de bon sens pour que règnent en maîtres paix et amour.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 13 mars 2018. Les thèmes étaient : l'ours ; l'écriture ; les anges ; l'administration.)

Espoir

Bien trop de questions, de soucis de représentation, de compréhension du monde. Qui sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous. Jamais en paix, trouver l'harmonie. Dois-je trouver les réponses ou simplement laisser tomber et renouer avec le mystère... Pourtant elles reviennent sans cesse ces interrogations pour enfin savoir et me reposer sur un sol ferme, solide, ne plus avoir l'impression de tomber, tomber, tomber comme la lune qui selon Newton tombe constamment en direction de la terre. Au final je retrouve confiance en l'avenir, en mes amis. La solidarité refait surface et mes jambes soutiennent à nouveau mon corps. Ce sont des instants magiques où la vie prend son sens, la quiétude reprend le dessus sur la maladie. Accepter ses faiblesses, sauver le monde en se sauvant soi-même et se tourner vers l'avenir et tout ses possibles. La joie que procure l'espoir. Retrouver la capacité de donner. Donner de son temps, de l'écoute, un sourire. Se reconstruire, avancer la main dans la main avec le bonheur. Simplement vivre dans la sobriété de l'instant. Se découvrir soi-même, l'amour, toutes ces merveilles qui émergent de notre présence à tous. Sentir l'alchimie magique croitre quand une femme, un homme, deux êtres que tout rapproche marchent  ensemble sur le doux chemin de l'existence.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 6 mars 2018. Les thèmes étaient : la femme ; le parapluie ; intensité ; les pâquerettes.)

La femme

Ah ce que j'aime les femmes! Mais elles me mettent dans un de ces états, c'est pas possible. Par exemple si je vais boire un verre avec une amie le soir, je passerai ma journée à imaginer notre discussion et tout ce que j'ai envie de lui dire et à chaque fois il faut que ce soit plus recherché et plus enrichissant c'est à s'en arracher les cheveux. Mais bon, ainsi je me sens plus vivant, cheminant sur une voie d'amour, d'amitié et de compassion. Je me sens aussi plus en paix lorsque j'ai échangé un regard, une émotion, un verre, une discussion avec la gente féminine. Je peux ainsi perdre mes préjugés masculins et accéder à un autre point de vue, une autre façon de voir le monde et après chaque rencontre je me sens grandi comme si la femme me permettait d'accéder à une nourriture plus subtile. Une nourriture du coeur qui rend le monde plus cohérent, plus sensible, plus éveillé. Qui me redonne confiance en l'avenir, qui ouvre mes yeux sur un univers merveilleux où la complicité et le rire égaillent nos journées.
Je rêve qu'un jour nous puissions vivre en paix et que la femme s'épanouisse au-delà de tous les clivages et autres jeux de domination. Rien que pour les voir sourire, cela en vaut la peine.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 27 février 2018. Les thèmes étaient : le départ ; la femme ; le froid ; la liberté.)

La tendresse


Ah! la tendresse. On en a tous besoin. Heureux celles et ceux qui en ont et savent la donner, ils sont des personnes riches sur cette terre. Il va bien falloir que j'apprenne mais pour ne pas me mettre trop la pression je vais commencer par la compassion. Ecouter, voir ce qui nous rassemble, les bouts de chemin que l'on peut parcourir ensemble. Alléger nos coeurs en témoignant du parcours de vie et des obstacles qui nous rendent la progression difficile. Par exemple, je trouve extrêmement délicat de dire à quelqu'un que j'ai besoin d'elle ou de lui. C'est totalement déchirant que de dévoiler sa faiblesse, ma chair est à vif et les mille yeux de la voie du milieu me dévisagent. L'instant se teinte d'une atmosphère quasi palpable et je ne sais plus quoi dire, comme si j'avais dévoilé un lourd secret. Je perd mon rêve d'être James Bond ou une personne emplie de pouvoir pour retomber sur mes propres jambes tout éberlué par la désillusion. Mais pour finir, qu'est-ce que je me sens mieux quand je suis moi-même, plus besoin d'entretenir le rêve. Il me suffit maintenant de cheminer sur la voie de la compassion et peut-être que mes rêves ne m'en voudront pas trop de les avoir laissés sur le bord du chemin, je les retrouverai plus loin sous une autre forme en d'autres temps, plus tendre et moelleux.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 20 février 2018. Les thèmes étaient : la femme ; le perroquet ; la tendresse.)